PUBLICATION : LA NAISSANCE DE LA POINTE D’ARCAY
LA NAISSANCE DE LA POINTE D’ARCAY
Sous l’action conjuguée de la dérive littorale,responsable d’une accumulation de sable venu de l’Ouest…
… et des alluvions nés des travaux de détournement du Lay ....
….. va naître sur sa rive droite de la rivière, un dépôt de sédiments (une « batture ») créant progressivement une vaste étendue de laisse de mer.
En cinq siècles va se constituer une presqu’ile longue de 8 kms.
Depuis le début du XVIIe siècle, la cartographie permet de suivre la progression de cette longue presqu’ile migrant sous l’action des vents, de la houle, des marées et des crues de la rivière.
- En 1627, sur la carte de Visscher, la pointe d’Arcay n’existe pas.
La pointe de l’Aiguillon nommée pointe de la Raque limite le rivage. Un vaste banc de sable celui de la « Grande Jument » est signalé à l’ouest.
- En 1674, selon Epault des Parée :
Le profil côtier ne s’est guère modifié.
La sablière (« les Graves ») se situe en face des ruines du fort de l’Aiguillon.
- En 1695, sur les cartes établies par Nicolas de Fer et en 1705 par Claude Masse :
La rivière de Saint Benoît, appelée le Lay, après un trajet tortueux ...
... se jette à la mer au niveau actuel de la Belle-Henriette dans l’anse de Croy au lieu-dit la Conchette, par un large estuaire comprenant plusieurs bras.
Au XVIIIe siècle , Claude Masse, ingénieur du roi Louis XIV, rédige un mémoire sur l’état du rivage et son éventuelle exploitation militaire.
Dans le cadre de sa coopération avec Vauban, commissaire aux fortifications, il réalise le relevé cartographique des côtes du Bas Poitou, des pays d’Aunis et de Saintonge en vue de la conception d’ouvrages défensifs ou d’aménagements hydrauliques.
Il fait des descriptions précises de l’estran, de ses ressources et des possibilités de débarquement des troupes.
Selon ses commentaires qui accompagnent la carte du territoire, dite « du Neuvième Carré » , la contrée a peu d’intérêt sur le plan militaire .
- A partir de 1720 l’embouchure du Lay commence nettement à se modifier :
Pour la première fois, on voit apparaître une ébauche de changement de direction de la rivière et un banc de sable sur sa rive ouest.
Selon l’auteur :« L’hiver, il paraît comme une mer pour peu que la saison soit pluvieuse… »
L’embouchure de la rivière :
« est une langue de terre formée de dunes très basses qui séparent la mer d’avec les marais
Cette côte n’est point accessible hormis l’anse de la Berge où la mer ne se retire que d’environ 150 toises… »
Le cours inférieur du Lay, dépourvu de pente, est soumis à la marée.
En raison des sables mouvants et de l’odeur de vase cet estuaire est appelé Maupas (passage dangereux) ou Port Puant.
« De cette rivière d’environ 250 toises (500 m) de large à son embouchure, il ne reste à mer basse qu’un canal de 50 toises de large.
La rivière abandonne son lit de la Belle Henriette, se dirige vers la baie l’Aiguillon, laissant sur sa rive droite une lagune de dunes et de vasières.
Ainsi va naitre la pointe de la Faute .
En partant de le pointe de la Roche (actuelle pointe du Rocher), les dunes mobiles, vont progresser en direction du sud.
(Schéma sur la carte de Cassini)
- En 1750, ce massif dunaire appelé « pointe de "La Faute"atteind le niveau du nouveau village de l’Aiguillon bâti sur la rive est de la rivière, 3 kms au-dessus de l’ancien village de la pointe de la Raque, abandonné après son engloutissement par les sables.
A partir de cette latitude, les dunes prennent le nom de « Pointe d’Arcay ».
Celle-ci va s’étendre dans un axe Nord-Sud en progressant de 30 à 50 m par an.
- En 1780 lors de la vente de « biens nationaux », la famille Chauveau, achète ce territoire de dunes incultes et de vasières issus de « lais de mer ».
-En 1828, les propriétaires créent le premier village de La Faute.
- En 1890, sur la carte des Dunes de la Tranche, d’Arçay et de l’Aiguillon » gravée par Jérome, la progression des sables vers le Sud se poursuit.
- Sur le cadastre napoléonien de 1918, la pointe dépasse la rive opposée de 2 kms.
- La cartographie satellitaire nous permet de réaliser la synthèse de l’avancée dunaire de 1730 à nos jours.
Hasard ou don de la nature pour cette contrée dépourvue de ressources, les moules trouvèrent sur le nouvel estran, les conditions optimales pour naître et se développer.
« Le doucin », eau douce issue de l’écoulement des marais dans la rivière assure :
- une salinité moyenne constante de 25,5 g de sel par litre.
- un important apport de plancton et de matières organiques véhiculées par l’environnement vaseux.
S’associent à ces deux caractéristiques
- la stabilité de la température et à la qualité des eaux arrivant du large.
- L’absence de pollution industrielle et agricole en amont.
Ces 4 facteurs représentent les conditions idéales à la reproduction et à la croissance des moules.
La Mytiliculture sur le rivage de la pointe d’Arcay est devenue l’atout économique de toute la baie de l’Aiguillon.
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